[T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?
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 [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?

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Tout-Puissant.
Tout-Puissant
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MessageSujet: [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?   [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? EmptyMer 6 Oct - 16:00

[T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? Intrigue1
Intrigue des Mers

Voguant sur leur bateau de fortune, un groupe de pêcheurs s’apprêtait à regagner les rives du port d’Athènes. Dans leur regard fatigué semblait se dessiner toute le périple qu’ils avaient accompli afin de ramener de quoi satisfaire les citoyens. Depuis une heure improbable du matin, ils avaient alors bravé les vents et les marées pour partir accomplir leur devoir de marins. Leurs camarades étant fervents adorateurs de poisson et autres crustacés dont on ignorait encore l’origine, ils espéraient contempler avec fierté et soulagement les clients se bousculer à leurs étalages pour acheter de ce met qui contentait tout le monde. En effet les produits de la mer avaient toujours été respectés comme on en respectait son producteur : Poseidon. Si on priait sa clémence lors de grandes traversées en mer, beaucoup de marins se pressaient à son temple pour implorer de leur offrir encore de quoi se nourrir. La statue qui dominait alors le port depuis fort longtemps n’était-elle pas là pour que le Dieu des Mers puisse veiller sur ses disciples ? Sa réputation n’était plus à refaire : impatience et fermeté. La nouvelle puissance d’Athènes n’y était pas pour rien. Depuis quelque temps, le port était devenu le passage incontournable de tous les navires du monde : un échange de commerce et de culture indéniable qui aidait au prestige de la cité déjà bien influente. C’est pourquoi c’était avec fierté que les intéressés se dirigeaient alors vers leur port pour accoster et continuer leur dur labeur. La fraicheur des poissons n’attendait pas.

Mais qu’elle ne fut pas la déconvenue terrifiante qui leur prit la gorge lorsqu’ils posèrent le premier pied par terre. Le spectacle de désolation qui s’offrait à eux était tel qu’on aurait pu remarquer quelques larmes s’afficher au coin des yeux de certains d’entre eux. Alors qu’un « Par Zeus » se faisait entendre presque inaudiblement, un autre se laissa tomber à genoux par terre pour observer la scène avec impuissance. Les docks de fortune qui avaient pourtant traversé les années avec difficulté n’avaient pas tenu le choc face aux coups violents qu’on leur avait assénés. En effet, quelques personnes encore inconnues du bataillon avaient osé détruire la plupart des constructions qui facilitaient le travail des pêcheurs. Ici et là trainaient de nombreux débris qui gisaient sur le sol, en piteux état comme on trouverait un homme blessé. Le regard anéanti de l’un des hommes se posa sur un poisson à l’œil vitreux, complètement déchiqueté qui avait pris place sur une pierre sombre et brute. Les produits qu’on avait conservés pour le marché de ce matin même avaient été pillés et jetées comme on aurait jeté de la viande avariée. Tous les efforts des pêcheurs étaient vains quand on regardait le résultat. Visiblement, Poséidon n’apprécierait pas qu’on s’amuse de sa nourriture, du fruit de ses entrailles sans qu’on en subisse les conséquences. Dans un élan de piété soudaine et de panique, l’un des hommes se lança vers la statue du Dieu concerné pour implorer son pardon et appeler son aide. Malheureusement, les deux ou trois pas qu’il esquissa jusqu’à la réplique colossale du Dieu barbu furent inutiles. Paroxysme d’un blasphème impardonnable, la statue avait été saisie par des cordes dures qui en avaient abimé le marbre puis détruite sans aucun ménagement. La tête de Poséidon gisait à ses pieds encore debout et ses yeux inexpressifs paraissaient pourtant démontrer une colère noire. Hurlant toute l’horreur qui l’habitait, le pêcheur infortuné envoya son jeune fils courir jusqu’au marché pour annoncer la nouvelle aux citoyens de l’agora. Restant seul sur la place, il considéra alors toute l’ampleur que venait de prendre ces gestes méprisants et irrespectueux.

De toute évidence, le Dieu des Mers ne laisserait pas cette faute impunie. Si les coupables n’étaient pas désignés, la cité entière en endosserait la responsabilité et la sentence. Il fallait que ses concitoyens leur viennent en aide. Ramassant quelques restes de crustacé pour les placer avec amertume dans un panier, il ne put contenir quelques larmes de plus. Les Athéniens avaient finalement fauté, ils avaient osé s’en prendre à l’une des plus grandes divinités qu’ils avaient jusqu’alors respectées. Il fallait à tout prix que tout rentre dans l’ordre, que le port soit nettoyé de tout dégât et qu’il soit lavé de toutes leurs erreurs. Alors que le ciel s’assombrissait sous un mauvais temps soudain, il fut rejoint par plusieurs citoyens, désireux d’aider. Personne n’avait-il donc pu assister à la scène ? Poséidon serait-il alors le seul à connaître la réalité des choses ? Car nul doute qu’il n’hésiterait pas alors à frapper son indignation des manières les plus tragiques qu’elles soient…
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Thaïs Gaia.
Thaïs Gaia
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MessageSujet: Re: [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?   [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? EmptyVen 8 Oct - 22:21

Il était certainement très tôt. Ce n’était pas les rayons du soleil qui l’avait réveillé aujourd’hui. Tout était silencieux et calme.

Elle pouvait voir à la lumière ambiante que dehors, le jour c’était presque levé. Elle fit une toilette rapide et noua ses cheveux, quelques mèches flamboyantes tombant mollement sur son visage encore marqué par le sommeil. Emmitouflé dans son chiton, elle remua les dernières braises du feu qui mourrait dans le foyer central. La maison se réveillait peu à peu et les courtisanes commençaient leur petite routine quotidienne.

Thaïs ne travaillait pas avec elle. Elle n’était pas une pornaï malgré ce que ce plaisait à dire les gens en ville. Les mêmes qui utilisaient ses services pour laver leur linge parce qu’ils étaient trop fainéant pour le faire eux même.
Le travail allait bientôt commencer ici. Il fallait qu’elle parte rapidement au risque de croiser les clients qui venait fréquenter les femmes qui l’avait élevé. La plupart était des marins débarquant des bateaux de passage. Avec le nombre croissant de navires qui mouiller dans le splendide port d’Athènes, le travail ne manquait pas.

La fraicheur de l’air marin lui mordit le visage lorsqu’elle partit enfin vers son lieu de travail. Le soleil était bien visible à présent et une légère brise s’engouffrait dans les ruelles sinueuses creusées entre les bâtiments du port. Elle avait presque atteint les quais à présent, ses scandales foulant les pavés humides. Elle connaissait le chemin par cœur pour l’avoir parcouru tant de fois, des centaines et des centaines depuis qu’elle avait commencé à travailler au marché.

Alors, elle remarqua immédiatement que quelque chose n’allait pas. L’habituelle effervescence matinale des docks avait laissé place à un silence de mort.

Elle s’arrêta sur place, comme foudroyer par la foudre de Zeus. Le souffle court, elle s’approcha doucement. Tout n’était plus qu’un amas informe de destruction. Elle n’en croyait pas ses yeux, elle ne voulait pas y croire. Aucune tempête n’avait ébranlé Athènes, les ruines qu’elle contemplait étaient l’œuvre de l’homme. Comment une telle chose avait elle pu se produire ? Qui était assez malfaisant pour s’en prendre au gagne pain de dizaines de familles ?

Oh des gens mauvais, ce n’était pas si rare à Athènes, bien sur, les intrigues et les rumeurs, elle connaissait. Néanmoins, l’idée qu’un Athénien ai pu commettre un tel actes de manière délibéré lui donnée la nausée.

Les badauds commentaient à voix basse le cataclysme comme pour éviter que les dieux ne les entendent. La honte et l’hébétement se lisait sur chacun des visages qui observait les dégâts. Certain pleurait à chaudes larmes, comme cet homme agenouillé devant ce qui semblait être une grosse pierre d’une construction quelconque.

Ce n’est que lorsqu’il se releva qu’elle comprit. C’était la tête de la statue de monumentale de Poséidon qui dominait il y a quelques heures encore le port prospère de la belle Athènes.
L’acte était ignoble et blasphématoire, les cordes enserrant le corps décapité du dieu des mers ne laissait aucun doute sur les intentions des auteurs de cet attentat barbare. Ils provoquaient les dieux. Cette pensée lui arracha un hoquet de colère.

Comme toujours, certain se permettait de décider pour les autres, de condamnés leurs semblables à la colère des dieux. Parce qu’un groupe de rigolo en avait décidé ainsi. Parce que des hommes se prenaient pour des dieux. C’était toujours ainsi.

Les larmes haineuses qui coulaient sur ses joues lui brulèrent le visage. Il fallait faire quelque chose, s’occuper pour ne plus penser aux conséquences qu’aurait cet affront sur leurs vies.


« Laissez-moi vous aider »


Hébétés, certains avait malgré tout commencé à évacuer les restes de ce qui avait était autrefois un lieu prospèrent et joyeux.
Elle s’agenouilla alors prés d’une femme qui ramassait les poissons jeté à même le sol comme une dernière offense. L’odeur répugnante accentua sa nausée mais elle fit abstraction de son dégout et jeta les cadavres dans un petit panier tressée.

Ses genoux blessés par le sol rugueux, les cheveux poisseux de transpiration, elle continuait sa besogne, implorant dans des pensées silencieuse les dieux de se montrer indulgents.

Comme pour répondre négativement à son appel, une ombre se posa sur le port. Des nuages noirs avaient envahis le ciel, menaçant les simples mortels de leur puissance mystique. Ils n’auraient pas à attendre bien longtemps avant de connaitre le châtiment que le roi des océans avait prévu pour eux.

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Calaïs Æther.
Calaïs Æther
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MessageSujet: Re: [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?   [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? EmptySam 9 Oct - 21:16

La rumeur descendait dans les rues pavées d'Athènes, aussi vive et rapide que l'onde d'un torrent de montagne. Aussi théoriquement parlant que réellement. Des gens couraient, criant au scandale et les visages qui remontaient du port étaient livides. Au coin d'une rue, une femme s'adossa à un colonnade, leva les bras au ciel et se mit à pleurer en priant dans un dialecte étrange. Ses lèvres tremblaient et ses traits tirés par les ans semblaient horrifiés par ce qu'elle avait vu. Trop obsédée par le lien qu'elle tenait de créer entre les douze et elle, l'athénienne ne remarqua pas l'ombre qui slalomait rapidement entre les badauds, et l'aura d'excitation permanente qui planait autour d'elle.

Le souffle court, Calaïs s'arrêta brutalement après être grimpé en deux mouvements souples sur le socle d'une statue représentant une sirène. Port. Déjà, il devinait la fraicheur des embruns de l'océan qui ne tarderait pas à frapper son visage. Mais sa prévision était brouillée par autre chose, quelque chose de neuf. De renversant. Accroupit, ses doigts crochetés dans les rainures qui constituaient la queue de la femme poisson, le Spartiate balaya la scène de ses yeux bruns, saisissant et mémorisant absolument tout bien qu'il ne bloqua jamais sur quelque chose en particulier. En bas tout n'était que chaos et désolation. Tout le monde était blême. Blême de peur, blême de rage, blême d'avoir simplement envie de rendre sa nourriture à cause de l'odeur de pourriture qui planait dans les airs. Pas un mot plus haut que l'autre, pas une plaisanterie, pas la moindre trace de joie ou d'espoir sur leurs visages défaits. Qui aurait pu être heureux d'un tel massacre ? Qui aurait pu se réjouir d'une telle mise en scène et de la destruction de la statue du grand Poseïdon ?

La main de Cal trembla sur la pierre et le frisson qui l'agitait remonta le long de son bras, caressa ses épaules halées, remonta le long de sa carotide, s'évanouit sur ses lèvres étirées. Sourire. De plus en plus grand au fur et à mesure que les secondes passaient. Une vague de chaleur le traversa tout entier et il léger souffle s'échappa de ses lèvres. Bon sang... Ceux qui avaient fait ça..

    « Ceux qui ont fait ça sont des barbares sans nom ! » clama une voix qui finit par se briser comme les vagues sur la digue.


Æther retint l'éclat de rire joyeux qui aurait voulu s'échapper de sa gorge dans un hoquet qui fut dissimulé par le fracas d'une étale qui s'effondrait plus loin. Les yeux brillants, Calaïs secoua la tête en regardant partout autour de lui. Effaça comme il pouvait son sourire et recula légèrement dans l'ombre de la statue. Il ne valait mieux pas qu'on le voie ravi de tout ça. Ceux qui avaient fait ça étaient des génies. Un autre frisson d'adrénaline se glissa sous la peau du Spartiate qui se sentit presque fébrile. Il fallait qu'il voie ça.

Affichant un masque implacable, l'homme descendit de son perchoir et sauta entre deux passants qui sursautèrent à son apparition. Cal se redressa souplement, ses yeux bruns rivés sur sa cible. Le reste de la statue de Vieille Algue. Un sourire nerveux commença à étirer ses lèvres et il le retint comme il le pouvait en fermant ses poings aussi fort que possible. S'appuyant d'une main sur des planches de bois il passa par dessus l'obstacle qui le séparait de son but. Atterrit accroupit, le resta un instant, le souffle coupé. Se redressa lentement en laissant courir ses doigts sur les étales brisées, sentit ses pieds esquiver instinctivement les débris qui parsemaient le sol. Bon sang, cette statue avait perdu toute sa superbe, ainsi éclatée à même le sol. Droit comme un i, les épaules reculées et le menton légèrement relevé, Calaïs serra les poings en se levant de toute sa taille, fier et droit devant le dieu qui gisait à ses pieds. Vu de l'extérieur on pouvait encore prendre ça pour de la rage envers ceux qui avaient fait ça, mais s'il y avait rage c'était envers les Douze.

    « Justice sera faite.. » murmura le jeune homme sans s'en rendre compte.


L'homme qui avait hurlé au début tourna la tête vers lui lentement, déphasé. Cal déglutit mais ne le regarda pas, se contentant de fixer le regard de pierre de la statue déchue. Le pêcheur hocha la tête. Oui, justice serait faite ! Ce petit avait raison ! Se doutait-il que Calaïs ne parlait absolument pas de la même chose que lui ? Oh que oui justice serait faite, et cet évènement ne serait pas le premier. Peu à peu les Dieux devraient faire face et être jugés pour leurs fautes. Jugés, et jetés plus bas que terre. Comme la statue de la Vieille Algue l'annonçait. Et je le ferais moi même Père, je vous le jure.
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Orion Attis.
Orion Attis
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MessageSujet: Re: [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?   [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? EmptyLun 11 Oct - 21:24

Il faut croire que les rumeurs se répandaient aussi vite que le vent au sein d’Athènes. Orion, le maitre d’armes de la cité, faisait partie des habitants qui en avaient fait vite les frais. Aujourd’hui, tout devait être calme. En cette journée qui aurait du être ensoleillée, l’Athénien avait décidé de dispenser ses élèves de son enseignement. L’armée Athénienne rentrait au compte-goutte et chacun se doutait alors qu’elle était encore l’heureuse triomphante d’une bataille quelconque. Fier de cette nouvelle victoire, Orion avait accordé une journée de repos aux jeunes citoyens qui foulaient le sol poussiéreux du gymnase depuis de longs mois maintenant. Cependant, c’était à l’armurerie, son refuge spirituel et surtout professionnel, qu’on le trouva alors en cette matinée plutôt sombre. Vêtu de son plastron habituel qui avait supporté bon nombre de coups, il affutait depuis un moment plusieurs armes qui méritaient un peu de renouveau. Le regard concentré, le geste précis, un jeune garçon qu’il connaissait pour l’entrainer au tir à l’arc ressentit presque de l’embarras à venir le sortir de sa douce rêverie. Les mots qu’il employa alors sans même prendre le temps de se saluer furent précis et percutants. « Le Port… Orion Attis. Plus rien. » Essoufflé, il prit alors appui sur l’encadrement ouverte de l’entrée tandis qu’il sondait le regard bleu d’Orion qui avait relevé la tête brusquement. « Pardon ? » Dans son esprit, s’emmêlaient alors mille et unes images les plus désolantes les unes que les autres. Alors qu’hier encore, tout allait bien dans le plus parfait des mondes, aujourd’hui on lui annonçait qu’un symbole même d’Athènes venait d’être attaqué sans aucun scrupule. Qui en étaient les auteurs ? Quelles étaient leurs motivations sinon le dédain futile et la provocation incertaine ? Si nombreux hérétiques se revendiquaient de plus en plus, personne n’avait jusqu’alors osé franchir le pas. Quelles seraient les conséquences sinon plus désastreuses que l’affront même ?

Sa réaction fut immédiate. Abandonnant sa lame qui tomba lourdement sur le sol, Orion se redressa avec vivacité avant d’empoigner l’épaule du jeune homme pour tenter de le rassurer. « Merci de m’avoir prévenu Abel, file. » Sans même attendre une réponse, l’Athénien prit alors la direction du port d’un pas rapide. Il ne pouvait pas de toute évidence passer à côté de cet évènement, ne pas y prêter attention comme on se moquerait d’un vulgaire accident. A ses côtés, beaucoup d’Athéniens se pressaient dans la même direction dans l’espoir de voir la scène horrifiante et de prêter main forte aux pêcheurs qui sollicitaient rescousse et coups de main. Et son arrivée au port passa inaperçu tant la vue était quasiment post-apocalyptique. Certains tombaient à genoux en des prières suppliantes, leurs visages habités par la douleur spirituelle. Levant son regard azuré vers le ciel nuageux, Orion se surprit alors lui-même à implorer le pardon des Grands. Ils n’avaient rien manqué. Assis dans leur grande demeure paradisiaque, ils devaient alors gamberger leur vengeance envers ceux qui avaient osé leur nuire. Les poings serrés par la fureur, il entreprit alors de rejoindre les quelques badauds agenouillés face aux dégâts qui débarrassaient tant bien que mal le port de toute trace criminelle. Il croisa alors sur son passage une silhouette masculine, près de ce qui représentait anciennement la tête de Poséidon. Elle ne lui était pas inconnue bien qu’il n’avait qu’entendu parler de lui. Calaïs peut-être. Un homme qui ne brillait pas de par sa piété. L’entendant toujours juste murmurer son désir de justice, il s’arrêta près de lui. Passant sa main dans ses cheveux indisciplinés sous l’effet d’une réflexion intense, il finit par laisser échapper à son attention, sur un ton ironique et accusateur : « Je n’ai doute alors que vous suivrez nos concitoyens jusqu’au temple pour prier aujourd’hui. La justice n’est pas tout, il faut réparation. » D’ordinaire, le professeur d’armes ne se serait pas montré aussi soupçonneux face à quelqu’un avec qui il n’avait jamais conversé. Néanmoins, la peine et la frustration engendraient des réactions dont on ne doutait pas jusqu’alors. Il le quitta ensuite sans un mot ni même un regard pour celui qu’il considérait comme non digne des grands Athéniens.

Au passage, son regard croisa alors une longue chevelure de feu qui s’était agenouillée à terre pour ramasser les cadavres répugnants et putrides des poissons qui jonchaient le sol. Dans sa fierté masculine et son machisme certain, Orion se sentait désolé que de jeunes filles telles que la mystérieuse Thaïs aient à donner de leurs forces pour réparer une erreur qu’elles n’avaient pas commise. Il rencontra alors un vieux pêcheur qui réclamait alors son aide pour ramasser les restes des constructions élaborées par les architectes reconnus de la cité mais qui n’étaient plus désormais. Dans un hochement de tête, il entreprit alors sa lourde besogne. Ramassant ici et là des débris de pierre, soulevant de larges restes boisés avec l’aide d’autres bras musclés, Orion dévouait tout son effort dans le rétablissement du port. Rien ne serait comme avant, qui pouvait l’espérer ? Alors que la luminosité baissait peu à peu, Hélios englouti par des cumulus sombres et imposants, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de redouter intérieurement la suite de la journée. Que Zeus donne de sa clémence et éloigne de nos âmes mortelles son éclair fatal.
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Circée Calypso.
Circée Calypso
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MessageSujet: Re: [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?   [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? EmptyMar 19 Oct - 9:24

    « Circée ? Par Zeus c’est bien toi ! Qu’est-ce qui t’amène là si tôt ? » demanda t-il en reconnaissait la silhouette féminine qui s’avançait vers lui. A vive allure il s’en alla la serrer dans ses bras non seulement par affection mais aussi pour être certain qu’elle n’était pas qu’un seul mirage, une illusion, un rêve. « Enes ! Que c’est bon de te revoir ! » répondit-elle en l’enlaçant à son tour. Quelques secondes plus tard ils discutaient de chose et d’autres tandis que les marins finissaient d’embarquer sur les navires, prêts à partir en mer. « Reviens me voir lorsque Hélios illuminera notre ville Circée, en prime tu auras du poisson frais » finit par dire Enes à l’adresse de son amie qui ne put s’empêcher de lui sourire. Elle ne regrettait guère de s’être réveillée si tôt ni même d’être venue ici, au Port, alors qu’Athènes dormait encore. Elle recula lentement en regardant les marins quitter la terre ferme pour affronter les eaux parfois dangereuses de Poséidon. C’est alors qu’en se retournant elle fit face à sa statue et comme toute croyante qui se respecte, elle fit plusieurs prières en son honneur. Quelques minutes plus tard, elle prit la direction de la colline des Muses, décidant de s’y aventurer seule.

    Plus tard, alors que le soleil avait depuis fort longtemps réveillé toute la ville, Circée était allongée à même le sol, les yeux fermés. Pas un seul bruit ne la dérangeait, pas une seule présence. C’était son lieu de prédilection, son havre de paix. A aucun moment elle n’aurait imaginé que le Port s’était fait saccagé tandis qu’elle était tranquille en train de savourer le calme de la campagne. Mais contre toute attente des pas arrivèrent à vive allure vers elle, puis des appels et des cris. Interpellée par cette voix qui venait de briser le silence, Circée se releva rapidement et fut surprise de voir l’une de ses servantes –les plus proches- courir avec hâte vers elle. « Le port …c’est…le chaos » réussit finalement à prononcer la femme essoufflée à l’adresse de la cadette de Paris. Toutes les deux commencèrent alors à s’élancer rapidement en direction du Port et bien que la fatigue se fasse sentir durant cette course folle, elles ne ralentirent pas avant d’en être contraintes à cause de la panoplie de gens qui étaient présentes tout autour du lieu profané. Finalement Circée réussit à passer à travers la foule, et pour la dernière ligne droite avant la vision d’horreur elle reçut l’aide d’Enes qui l’interpella par son prénom ce qui influença tout le monde à la laisser passer, elle, fille de Paris.

    Elle vit enfin le drame qui avait touché le Port. La surprise, la peine et la colère furent si intenses qu’elle n’arrivait pas à dire un mot. Ses yeux parcouraient l’endroit avec affolement, comme à la recherche d’une quelconque aide. Elle était tellement dévastée par la scène qu’elle ne prêtait aucune attention aux personnes présentes dont elle en connaissait pas mal … comme le maître d’armes Orion. Les remords commençaient à devenir de plus en plus pesants au fils des secondes, mais il était dans son devoir de garder la tête haute et d’agir avec sagesse. Son premier réflexe fut de se tourner vers la statue de Poséidon, elle aussi détruite. Qu’importe, Circée s’agenouilla au sol, face à la tête de ce Dieu, et commença à prier en lui demandant le pardon pour ces actes commis quand bien même elle n’en était pas responsable. A vrai dire elle avait beaucoup de culpabilité à être partie du port ce matin pour aller trouver le repos et le calme dans la colline ... si seulement elle était restée …. Mais ce n’était pas le moment pour penser à soi et à ses regrets, il fallait d’abord penser à la ville et aux dangers dont elle pouvait être victime. C’est alors qu’elle se leva rapidement et se tourna vers Enes qui la fixait sans un mot. Que devait-elle faire en tant que fille de Paris ? Elle prit sans plus attendre une décision, ne voulant pas attendre son père les bras croisés.

    « Que tous ceux qui bénissent nos dieux s’en aillent au temple pour prier et demander le pardon des divinités. Mais que certains d’entre eux, et tous ceux qui ne soient pas les plus fervents croyants, restent ici au nom de la ville, pour nettoyer au plus vite ces profanations à Poséidon. » avait-elle finalement dit d’une voix forte à l’adresse de toutes les personnes présentes ici. Il était impératif de prier les Dieux autant que de nettoyer les dégâts car le ciel venait de perdre de sa luminosité, les nuages noirs ne présageaient rien de bon. « Va avec eux au temple Enes » avait-elle chuchoté à l’attention de son ami qui s’exécuta. De son côté, sans plus attendre et sans prendre le temps de voir si ses paroles avaient eu l’effet escompté, Circée s’en alla apporter son aide à une chevelure rousse dont elle ignorait l’identité. Bien qu’elle ne fût pas une adepte du travail, elle se mit à terre pour ramasser à son tour les cadavres des poissons afin de les mettre dans ce petit panier tressé
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Calaïs Æther.
Calaïs Æther
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MessageSujet: Re: [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?   [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? EmptyMer 27 Oct - 21:49



Jamais il n'avait imaginé pouvoir associer l'odeur de poisson avarié avec l'odeur de la victoire. Fermant les yeux, Calaïs inspira longuement et tâcha de s'en rappeler.

    « Je n’ai doute alors que vous suivrez nos concitoyens jusqu’au temple pour prier aujourd’hui. La justice n’est pas tout, il faut réparation. »


Cynisme quand tu nous tiens.. L'homme ouvrit les yeux. A qui appartenait cette voix ironique ? L'ambre de son regard se posa sur un homme de haute stature, dont les cheveux bruns le disaient plus du nord que l'accent purement Athénien qui s'échappait de ses lèvres. Un nom s'imposa à son esprit. Orion. Qu'est-ce que le maître d'armes avait pu entendre à son propos pour qu'il le traite comme ça sans jamais lui avoir parlé auparavant ? Avait-il mal dissimulé ses vrais sentiments par rapport au désastre ? Un sourire étira lentement ses lèvres.

    « Nul doute que la réparation viendra du ciel, en effet. » souffla-t-il d'une voix douce.


Sans être hargneux ni moqueur, non. Il se rendit compte que c'était plus une déception grandissante. Voici ce que les hommes d'Athènes faisaient contre un tel massacre. Prier ! Prier ? Mais prier pour quoi ? Comme si Poseïdon remonterait de ses grottes marines pour aider les marchands à reconstruire ce qui avait été perdu. La Vieille Algue devait surement être en train de pester pour la destruction de la statue, mais au fond, il le savait pertinemment, le dieu se réjouissait d'un peu d'action. Les douzes s'ennuyaient sans les erreurs des humains, et dès que ceux ci en faisaient une ou se rebellaient contre eux, ils exultaient de pouvoir enfin se mettre à l'ouvrage. La divine colère.. les dieux nous bénissent intérieurement.

La voix d'une femme s'éleva, décidant pour tous ceux qui en étaient incapables de ce à quoi serait consacrée la journée. Calaïs se retourna pour voir de qui il s'agissait. Il ne connaissait pas son nom, mais après sa prise de parole elle ne resterait surement pas dans l'ombre plus longtemps. Le discours de rébellion qui se développait sans qu'il puisse le retenir dans l'esprit du Spartiate commença à lui donner mal à la tête. Les mots voulaient à tout prix s'échapper de ses lèvres et son orgueil aspirait à une foule en liesse se levant contre les dieux, comme ils l'auraient du depuis bien longtemps. Serrant les dents en inspirant profondément, il se retint tout de même. Ce n'était pas le moment. L'était-ce ? Æther croisa le regard hagard d'une vieille femme cramponnée à une cadette, les yeux débordants de larmes. S'il refusait de s'occuper de la statue qu'il trouvait parfaitement à sa place face contre terre, il n'était pas de même pour le reste du carnage. Si l'offense à Poseïdon était parfaitement calculée, qu'elle affecte les Athéniens n'était pas bon à long terme. Comme tous, il se mit à ramasser les débris, poissons morts et étales en lambeaux.

Tremblante, les yeux posés sur l'océan qui prenait une couleur sombre à l'horizon, une jeune femme , presque une enfant, se leva face à la mer. Dans ses mains sales, une planche de bois. Elle la serra tellement fort qu'une longue écharde lui entra dans la paume mais elle ne tiqua pas. Seule une larme coula le long de son visage. La vengeance des dieux serait terrible. Elle implora leur pitié en silence, joignit ses deux mains et les serra tellement fort qu'elle sentit la brûlure d'une crampe saisir ses bras. Puis, elle se mit à chanter. D'une voix grave et féminine à la fois, ses mots venaient d'autrefois et elle les enchaina, plus forts de seconde en seconde. Et sa seule voix se répercutait contre les murs blancs du port. Un chant funèbre. Désespéré. Plein de peurs et de pleurs. Mais sa voix restait forte et elle continua de chanter jusqu'à la dernière note longue et douloureuse. S'effondrant, à bout de souffle, elle se rendit à peine compte qu'un jeune Spartiate l'avait rattrapée avant qu'elle ne tombe à terre. Elle ferma les yeux, murmura une dernière supplique aux dieux et s'évanouit autant qu'elle plongea dans un profond sommeil.

Les dents serrées, Calaïs dévisagea la jeune femme. Elle avait l'air si innocente. Il releva lentement les yeux sur les Athéniens qui la regardaient, resta là à ne rien faire d'autre que la tenir. Ce jour n'était peut être pas aussi bon qu'il l'avait d'abord cru.
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Tout-Puissant.
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MessageSujet: Re: [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?   [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? EmptySam 13 Nov - 11:00



L’heure n’était plus aux plaintes. L’effet de surprise et de choc passé, la troupe de citoyens qui avaient osé s’aventurer parmi les ruines du port saccagé s’était alors réuni pour remettre en état ce qui devait être rétabli. A croire que la force innée et reconnue des Athéniens se révélait alors, les unissant dans un élan de solidarité. Les hommes s’attelaient aux grosses tâches physiques et éreintantes, les femmes donnaient de leur soutien dans des exercices plus répétitifs. Quelques-unes réconfortaient les vieillards dévastés, soignaient les petites blessures. D’autres pleuraient encore sur leurs sorts, agenouillés parmi les débris. Un faible chant pourtant distinct s’était élevé dans la foule comme expression d’une détresse et d’une tristesse qui mettraient du temps à s’estomper. Jamais depuis des siècles, n’avait-on assisté à pareil désastre. Ce qui pourrait être considéré comme un accident matériel relevait pour certains des citoyens comme une catastrophe irréversible. Les auteurs de cet acte suscitaient autant de haine de la part de plus pieux comme de la fascination venant de quelques sceptiques religieux. Car oui, malgré la gloire et la suprématie apparente d’Athènes, la cité contenait comme tous les autres certaines failles et quelques brebis galeuses qui aimaient semer le trouble. Cette attaque nocturne et discrète était certainement l’image de tout ce que les citoyens s’évertuaient à cacher depuis quelques temps. Les failles étaient découvertes et les blessures ne s’en faisaient que plus douloureuses. Mais maintenant que le mal était fait, réparation devrait-elle faite ? Ou bien le châtiment demeurait le meilleur moyen de punir ces désobéissants. Pareil à des enfants, ils avaient failli à leurs devoirs, failli à leur respect. Rien ne serait plus pareil.

Et comme rien n’allait en s’arrangeant, le ciel à son tour s’assombrissait de plus en plus. Les côtes marines se dissimulaient sous un brouillard dérangeant qui venait de se lever. Les Athéniens fronçaient leurs sourcils en quête d’une meilleure vision et le travail n’avançait plus autant qu’on l’aurait espéré. La tête gigantesque du dieu Poséidon encore à terre disparaissait sous une masse blanche contre laquelle on ne pouvait pas lutter. Le temps ne les aidait pas et s’ils n’étaient pas absorbés par leur tâche obsédante, certains auraient pu se douter. Les pêcheurs auraient pu comprendre qu’en cette période de l’année, à une heure matinale, une telle brume, un tel temps n’étaient guère possible. Le vent côtier qu’on subissait chaque jour n’était pas. Une atmosphère pesante était apparue sur le port comme dans la volonté de séparer les citoyens des autres. Quelques fragiles se mettaient déjà à tousser alors que d’autres abandonnaient, s’asseyant à même le pavé. Soudain, un bruit sourd venant du ciel, comparable à un orage imminent, attira leur attention. En suspens, les yeux au ciel, chacun tentait de comprendre ce qui se manifestait ainsi. Les nuages noirs et la vision n’arrangeaient rien. Certains murmures inquiets s’élevaient et on n’osait alors prononcer ses doutes par peur qu’ils ne se réalisent vraiment. Les esprits érudits avaient-ils donc saisi l’ampleur de la chose ? Mais alors que la troupe athénienne était dans une torpeur presque paralysante, un petit garçon essoufflé par son labeur auquel il n’était nullement habitué décida alors de se rafraichir la nuque à la source même de la mer. Un peu d’eau fraiche, offerte fraiche et désaltérante par Poséidon n’était pas de refus dans cette matinée traumatisante. Surtout qu’il ne restait que ça de lui. Il s’avança sur un ponton de bois qui était resté sur pied. Cependant, ses petits pas mal assurés ébranlaient les planches qui se craquaient sous son poids. Les mains en forme de balancier pour ne pas finir à l’eau, le garçon finit par atteindre enfin le bout du ponton sur lequel il s’agenouilla pour recueillir un peau d’eau salée. Il y plongea sa main qu’il porta à sa nuque puis à son front avant d’en boire le reste. La saveur amère lui arracha une grimace qu’il ignora alors pour retourner auprès des autres. Le brouillard ne le rassurait point. Mais alors qu’il s’était relevé et avait porté son regard à l’horizon flou, ses yeux s’écarquillèrent. Au loin, un gros bouillonnement bleu. Une forme massive mais reconnaissable prenait peu à peu de l’ampleur au loin. La mer se retirait lentement et il s’étonnait alors avoir pu la toucher. Malgré lui, il ne put retenir un hurlement venant du plus profond de ses entrailles avant de rebrousser chemin, courant à vive allure. Emporté dans sa panique, il chuta sur une pierre et atterrit alors juste devant la tête marbrée du Dieu des Mers. A quel point il semblait le fixer à ce moment-là… De terreur, il ne put retenir un autre cri perçant qui provoqua un effroi chez les autres encore ignorants. Poseidon avait frappé. Poseidon préparait lentement sa revanche. Que les Athéniens puissent alors se sortir de ce futur traquenard. Si toutefois ils en avaient le courage.



Rappel: Pas d'ordre de passage, vous postez comme bon vous semble.

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Thaïs Gaia.
Thaïs Gaia
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MessageSujet: Re: [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?   [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? EmptyMar 23 Nov - 0:27

Thaïs releva les yeux de sa besogne un instant. Un flot discontinu de curieux continuait d’affluer vers le port. La même consternation et le même désarroi sur chaque visage. Lentement, elle se remit au travail. Elle ne réfléchissait plus à ce qu’il se passait, seul importait à présent le but futile de ramasser le poisson perdu de toute façon.

Tous c’étaient mis au travail, comme pour effacer aussi rapidement que possible toute trace de l’événement. Comme si les dieux pouvaient oublier un tel affront. Une voix s’éleva, exhortant les gens qui en étaient capable d’aller prier au temple. C’était la seule chose à faire à présent. Elle aurait voulu se lever et suivre ceux qui se dirigeaient à présent vers l’acropole. Elle ne bougea pourtant pas, parce qu’effacer le carnage était presque aussi important. Elle le comprit lorsqu’une silhouette s’agenouilla à ses côtés. Elle n’osa pas regarder la jeune femme qui avait parlée. Croiser son regard dans de tels circonstance aurait était indécent. Thaïs ne voulait pas qu’on lise la peur et l’inquiétude dans ses yeux bleu. En silence, elle continuait de faire disparaitre les traces de l’ignominie. Concentré sur les pavés, elle entendit le chant désespéré qui s’éleva parmi la foule. La voix l’atteint droit au cœur et ses gestes se firent plus lourds tandis qu’elle s’approchait de l’eau pour se lavait les mains et tenter de faire partir la répugnante odeur de poisson.

Et puis un cri. Un enfant qui hurlait. Elle ne s’inquiéta pas au prime abord, croyant candidement à la peur d’un gamin découvrant les ruines des quais. Pourtant, un murmure inquiet s’éleva parmi la foule. Thaïs ne voyait pas grand-chose à travers le voile opaque qui recouvrait le port comme dans un nuage poisseux et collant. Elle plissa les yeux, comme pour tenter d’apercevoir l’origine de l’inquiétude générale. A ses pieds, la mer c’était retiré, laissant la place à un sol de sable encore mouillé. Elle releva alors les yeux. Au loin, elle pouvait apercevoir sans réussir pour pourtant à l’identifié avec certitude, une forme noire et massive.

Elle avait entendu des légendes, colportés par les marins de passages à propos de la colère du maitre des mers. On racontait que la mer arrivait à la vitesse d’un cheval au galop, engloutissant tout sur son passage dans une vague destructrice, dévorant les habitations avec sa langue d’eau. Il ne restait des hommes et des villes après le passage du titan aquatique des fantômes meurtris et déchiquetés.

Thaïs recula d’un pas et trébuchât en arrières tombant lourdement sur le sol pavé. Elle se releva immédiatement. La brume se dissipait peut à peu. Elle hoqueta, avalant l’air salé avec de grandes inspirations comme si il ne voulait pas faire le chemin jusqu'à ses poumons.
Elle ne contrôlait plus rien. Voulant hurler, elle ne réussit à produire aucun son, remuant la bouche comme un poisson agonisant hors de l’eau.

Certains avait compris et prenait déjà la fuite, hurlant à la fin du monde. D’autres restait immobile, attendant de se faire dévorer par le monstre tourbillonnant qui avançait vers eux.

Des hurlements résonnaient au loin comme pour faire écho aux leurs. Des bruits assourdissant et des images apocalyptiques lui venait en tête tandis que quelqu’un saisissait son bras pour la forcer à courir. Des larmes lui brouillaient la vue et la peur raidissait ses membres. Ses jambes la portait à peine, elle n’avait jamais était une grande athlète, mais elle couru, de toute ses forces, respirant à peine entre ses foulées anarchiques. Elle tenta un dernier coup d’œil vers le port mais fut bousculer et dût reprendre sa course.

Il fallait partir, il fallait prier. Mais surtout, il fallait courir, courir pour se cacher de la colère des dieux.

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MessageSujet: Re: [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?   [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? EmptyMer 24 Nov - 20:09

« Le Port est détruit ! Les Dieux sont en colère ! »

Aussitôt ses paroles lancées par un passant paniqué, Cassandre ouvrit un œil, puis, difficilement, un autre. Elle avait mal au cœur et sa tête tournait toujours. Et ça, c’était un petit mal pour tout son corps endolorit. Il faut dire que le sol n’était pas un endroit bien reposant pour le corps et même pour l’esprit, cependant, Cassandre ne pouvait faire mieux. Depuis son arrivé à Athènes, faute de ne posséder aucun bien matériels mise à part ses habits et ses armes, l’amazone cherchait des endroits ou se loger. Elle ne possédait pas suffisamment de dinars pour s’offrir le luxe d’une auberge et ses connaissances étaient très limitées dans la cité. D’abord, ses amis étaient presque tous dans la pauvreté ou des esclaves. L’ancienne esclave ne pouvait leur demandé des faveurs, ceux-ci déjà très prit par les besoins de vie. Quant à sa petite protégée, Thyra, sa grande bonté allait par la trahir. Se savant de très mauvaise compagnie, Cassandre préféra ne pas imposer d’avantage sa compagnie à la pauvre fleuriste et était allé dormir dans les clairières voisines… Déjà, elle avait retrouvés Marcus et Servius, ses deux petits frères. Ils avaient été fait prisonniers par une légion romaine il y a de cela bien des années et étaient maintenant des esclaves aux yeux des athéniens. Mais ce ne serait plus pour longtemps car la guerrière irait les chercher, par force ou persuasion… Quant à Lucius, il restait introuvable. Cassandre y mettait toute son énergie afin de le retrouver en plus de veiller sur ses frères et ses nombreux protéger. Décidément, sa réputation de guerrière allait la tuer.

Elle tarda à se lever. Mais les cris persistants des hommes et femmes paniqués l’obligèrent à se redresser. Visiblement d’une mauvaise, la femme ébouriffa sa longue crinière noire. Puis, alors que le ciel ce couvrait d’une violente couleur foncée. Elle s’arma de son glaive puis accourue au port qui semblait être le théâtre de toute cette panique.

Cassandre Pryus avait une fâcheuse réputation qui la précédait. D’abord connu par certaine romain pour son talent de forgeron, on l’avait ensuite associé à une esclave rebelle qui avait aveuglé son maître et tuer des gardes dans la prison ou elle avait été détenu pendant des années. En générale, on la craignait ou on l’haïssait.
Ensuite, les athéniens ne la connaissaient pas trop, par chance. On savait qu’elle avait une grande connaissance des armes et qu’elle excellait dans les combats. Quelques athéniens s’étaient même attiré sa sympathie et sa protection alors que d’autres lui étaient insignifiants ou exécrables.
Lorsqu’elle arriva au Port, des cris lui brisèrent les tympans tandis que des hommes et des femmes courraient pour sauver leur vie. Il y avait un épais brouillard autour du port et le grand courage de Cassandre s’en voyait ébranlé. Bien qu’elle n’eut jamais craint les Dieux, ce genre de situation était inattendue. L’amazone décida tout de même de s’avancer parmi cette foule qui courant contre elle. Sur son passage, Cassandre heurta une jeune fille à la chevelure de feu. Sans lâcher l’eau de vue, Cassandre aida la pauvre gamine à se relever puis continua sa course folle vers le port.
Allait-elle être la seule courageuse à y aller ?

Non, il y avait encore des spectateurs qui regardaient l’horizon avec fatalité. Pensaient-ils leur fin arrivée ? Pensaient-ils leur destin scellé ? La jeune femme cessa de courir et s’avança. Un garçon se trouvait là, il était blessé au genou. Cassandre se pencha et le prit dans ses bras afin qu’il ne soit pas piétiné par les hommes paniqués. C’était là que s’appliquait la loi du plus fort, du plus rapide et du plus gros. Les plus faibles étaient les premiers à périr, les enfants surtout. Le garçon qui ne connaissait pas Cassandre s’était pourtant accroché à son cou comme le fesait les singes aux branches des arbres. Lorsqu’une femme passa tout près, la romaine lui donna le petit puis s’enfonça d’avantage vers le port. Le brouillard à ses pieds lui masqua la tête de Poséidon et Cassandre trébucha contre cette même tête. Elle ne tomba pas, mais il s’en fallu de peu.
Grognant, la guerrière n’aimait pas sa fierté se voir ébranlé. Elle demanda alors à un homme non loin d’elle :

« Que ce passe-t-il ici ? Qui a fait ça ? »
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Orion Attis.
Orion Attis
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MessageSujet: Re: [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?   [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? EmptyVen 26 Nov - 17:23

Plus la besogne avançait plus le Port semblait de plus en plus dévasté. Orion ne voyait pas le bout de sa tâche et à peine eut-il nettoyé une partie des quais qu’il ressentait à nouveau le goût amer de ces sacrilèges en observant, dépité, les efforts qui lui restait à fournir. Quand même bien le temps s’était rafraichi comme annonciateur d’un hiver tout proche, quelques gouttes de sueur perlaient sur son front et il aurait été incapable d’en exprimer la source : la fatigue ou l’anxiété. Il fallait être fou pour ne pas craindre des représailles face au spectacle horrifique qui se donnait tout le long des côtes d’Athènes. Alors qu’il jetait sur un amas déjà bien conséquent quelques poutres de bois réduits à une inutilité éternelle, son regard azuré se posa avec peine jusqu’aux remparts de la cité. Qu’en était-il à l’intérieur ? Une foule non négligeable s’était réunie autour du massacre en ces lieux mais les citoyens restant près de leurs demeures à tous avaient-ils seulement conscience de l’enjeu qui se jouait ? Malgré lui, l’inquiétude se lisait sur ses traits durs et las. Et Daphné, sa chère sœur, avait-elle commis l’erreur de le rejoindre ici ? Il ne saurait le dire mais une prière intérieure espérait qu’elle soit restée sagement chez eux, à l’abri de tout danger. Le maitre d’armes frotta alors ses mains les unes contre les autres pour les débarrasser des quelques échardes fébriles qui s’étaient plantées dans ses mains abimées. Son dos le faisait souffrir et il ne mentionnait pas ses propres épaules, rougies par le poids qu’il portait sans même s’arrêter depuis trop longtemps. Néanmoins, Orion ne pouvait pas abandonner. Il suffisait de capter le regard anéanti de ses concitoyens, des quelques vieillards qui peinaient à se déplacer parmi les débris. Quand bien même un hérétique était présent parmi eux, aurait-il la perfidie d’abandonner les gens qui l’avaient recueillis à leur sort ? Si toutefois un malheur s’abattait sur Athènes, bien plus menaçant que celui-ci, ces étrangers aux Dieux sauveraient-ils leur propre peau, au péril de celle des autres ? Un tel égoïsme dépassait l’esprit d’Orion bien trop fermé dans ses traditions et dans l’éducation ferme qu’Icare lui avait enseignée. Qu’aurait fait son père face à cette douleur qui envahissait le cœur de la ville ? Il aurait soutenu les autres, jusqu’à épuisement. C’était cet esprit altruiste que l’homme se devait de représenter, c’est pourquoi il suivit alors les autres hommes composés de plusieurs soldats rentrées, de forgerons ou bien de marchands dans le but de poursuivre alors le nettoyage interminable du port d’Athènes.

Mais malgré lui, Orion fut une nouvelle fois interrompu par une voix féminine et confiante qui s’éleva parmi la foule. Elle réclamait piété et soutien, véritable représentation de l’Assemblée qui, bien trop supérieur, avait préféré demeurer dans les murs infranchissables et solides du Palais, dans les hauteurs du Pnyx. Même s’il avait été incapable de lever la tête pour distinguer le visage de l’oratrice, il aurait tout de même pu la reconnaitre entre mille. Circée Calypso, cadette de Paris. Il ne portait aucun doute quant à la dévotion de la jeune femme aux autres des Athéniens, mais un sentiment inconnu le forçait alors à la préférer elle aussi parmi les siens, bien loin de tout ce malheur. En d’autres circonstances, l’aurait-il saluée mais une remarque lasse et violente redescendit Orion sur terre qui continua alors son chemin jusqu’aux débris qui jonchaient encore le sol meurtri. De temps à autres, il ne pouvait retenir ses yeux bleus clairs de fureter partout, parmi les personnes présentes, pour repérer les éventuels coupables. Ne disait-on qu’ils finissaient toujours par revenir sur les lieux du crime ? Mais parmi ses expressions semblables, il ne remarquait rien de spécial, rien de suspect. A croire que l’attaque elle-même du Port avait été commandité par une force supérieure. C’était impossible qu’une divinité n’en veuille à Poséidon. La Terre n’était pas un terrain de jeu sur lequel on bougeait quelques pions histoire d’assouvir un peu plus sa puissance. Ils accordaient respect tout autant que les Athéniens leur portait adoration et célébration. Ce n’était que de simples lâches humains et méprisants de leur propre condition qui étaient les auteurs de tout ça, il en était certain. Et si toutefois, on revendiquerait alors les faits, Orion ne manquerait pas de laisser sa rancune, difficilement surmontable.

Face à un brouillard levant et réducteur d’une vision déjà bien ardue, Orion plissait les yeux et devait redoubler d’attention pour ne pas finir sur les pavés, écrasé par la masse qu’il portait encore. Rien ne pouvait plus entamer son humeur, quoique… Soudain, un cri sembla suspendre le temps et toutes les activités le long des quais également. Tout le monde s’était stoppé net. Son compagnon derrière lui qui portait l’autre bout de la masse boisée la laissa tomber sous le coup de la surprise, handicapant Orion dont le poids avait doublé sur son épaule. Il laissa échapper un juron grec tout haut tandis qu’il lâchait à son tour, se frottant l’épaule avec douleur. Quelle était la source de ce hurlement qui ne traduisait rien d’autre que de la terreur ? La brume était à son paroxysme et l’homme ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Alors qu’il tentait de marcher jusqu’à l’eau, d’où semblait être la raison de cet émoi, plusieurs autres cri différents retentirent soudain avant que la panique ne s’empare de toute la foule. Des avertissements étaient prononcés tout hauts dans l’espoir de prévenir les autres mais Orion ne distinguait rien. Une supplique ultime : « Poséidon, épargne-nous ! » Reculant de la mer comme si celle-ci portait une malédiction, il remarqua alors une chevelure de feu qui ne pouvait pas le tromper s’enfuir en direction de la cité. D’un geste ferme, il agrippa alors son poignet pour la retenir quelques secondes : « Préviens Athènes, qu’ils fassent le nécessaire pour protéger la cité. Et cours te mettre à l’abri. » Thaïs Gaia semblait être la meilleure personne pour porter les nouvelles : elle était connue de tous et certainement pas à cause d’une identité qui demeurait inconnue de tout le monde. Personne n’oserait remettre en doute la parole de l’orpheline et jeune, elle ne méritait pas de risquer sa vie en ces lieux. Bousculé de toutes parts par les personnes qui tentait de fuir la menace de la mer, Orion parvenait avec peine à s’avancer. La panique était telle que la moindre personne faible ne pourrait pas faire face, poussée à terre voire piétinée par les autres. Alors qu’il perçut un pleur non loin de lui, il parvint enfin à une petite fille certainement délaissée par une mère affolée. Sans même craindre qu’elle ne se défende de lui, il la prit alors dans ses bras avant de la maintenir contre lui fermement. Elle ne pesait pas lourd et si la nécessité de courir se présentait alors, elle ne représentait pas un grand poids pour lui, autant fallait-il assurer sa sécurité. Soudain, une femme demanda alors ce qui se passait. Parmi les autres, elle paraissait étrangement sereine et son accent venu d’ailleurs ne passa pas inaperçu aux oreilles d’Orion. Passant une main nerveuse dans ses cheveux, le regard affolé, il répondit : « Le Port a été saccagé. Mais un danger bien plus grand s’approche de nous. Il faut évacuer le port à tout prix. » Cette dernière phrase semblait désespérée tant le brouillard ne permettait aucun regard d’ensemble sur les quais entiers. Un bourdonnement lointain se faisait entendre, avertissement d’une menace qui s’avérait monumentale. Posant une main sur le bras de la jeune femme, il lui adressa un regard désolé : « J’aurai préféré vous rencontrer en d’autres circonstances. Que votre Dieu vous protège. » Il s’éclipsa alors dans la brume à la recherche de nouvelles personnes en difficulté. La petite fille s’accrochait à son cou, comme s’il devenait alors l’ultime chance de s’en sortir vivante. Pouvait-on réellement en sortir ?
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Tout-Puissant.
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MessageSujet: Re: [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ?   [T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? EmptySam 18 Déc - 10:32

[T] Intrigue n°1 ♣ N'a-t-on jamais sous-estimé la patience du maitre des Mers ? Intriguefin
Les mers avaient décidé de reprendre ses droits. Poséidon, le maitre des Océans, n’appréciait pas de toute évidence l’offense qui avait été perpétré à son égard. Car qui avait-on voulu blesser d’autre que la divinité elle-même de part les dégradations innommables qui continuaient de joncher les quais du port ? Les hérétiques pourraient avoir pris possession le temps d'une nuit, ce qui appartenait à la mer lui reviendrait de droit sans qu’on n’ait à le contester. Les quelques citoyens qui avaient acquis assez de perspicacité avaient compris l’ampleur de l’évènement qui allait se produire. Si toutefois les érudits s’étaient risqués hors de la grande cité protectrice, ils auraient été frappés d’horreur par la masse bleuté et menaçante qui grandissait considérablement à vue d’œil. Un raz-de-marée ? Le doute n’était presque plus permis. Dans les livres qui occupaient la grande bibliothèque d’Athènes, on pouvait lire souvent les conséquences désastreuses que provoquait cette catastrophe naturelle. On la nommait naturelle car pour les fervents adorateurs des Dieux de l’Olympe, elle résultait de la colère de Poséidon. En cet instant, elle devait frôler la fureur. Athéna n’avait-elle donc pas de pitié pour empêcher son confrère d’anéantir la cité qu’elle protégeait depuis la nuit des temps ? Comptait-il vraiment punir les criminels en arrachant la vie à de pauvres innocents qui redoublaient d’ardeur aux temples ? Visiblement, la colère des dieux étaient insoupçonnables jusqu’à ce qu’on ne subisse leurs foudres. Seules les légendes et les histoires destinées aux lectures du soir pour les enfants de famille racontaient les attaques divines. Parfois quelques vieillards séniles affirmaient avec le peur d’ardeur qui leur restait qu’ils avaient fait l’expérience d’un de ces évènements terrifiants. Très peu nombreux tant on croyait à l’efficacité de la piété athénienne. Quand les temps devenaient durs, les célébrations se succédaient ainsi que les sacrifices de plus en plus fréquents. Pour respecter les dieux, on n’hésitait pas à mettre en difficulté financière certains fermiers qui se retrouvaient privés de leurs ressources réquisitionnés. Pour respecter les dieux, le gouvernement avait autrefois expulsé sans hésitation les hérétiques qui clamaient leur déni du ciel. A présent que la démocratie s’efforçait de faire sa place, les opinions les plus contradictoires se rencontraient dans l’agora et on s’étonna que cette mixité puisse mener à un pillage aussi ignoble que celui du port. Maintenant tout était différent : le châtiment faisait entendre son bourdonnement inquiétant venu des abymes maritimes. Il se préparait avec la lenteur fatale qui laissait deviner la pire des situations.

La panique de la foule était passée première dans l’ambiance déjà pesante du port. Les cris s’entremêlaient aux complaintes des quelques malheureux qui trébuchaient sur les débris restant des constructions. Un vieil artisan Athénien avait crié à l’apocalypse et dès lors, le chaos reprit. Les femmes trop curieuses qui s’étaient avancées jusqu’aux lieux dévastés se précipitaient vers les portes d’Athènes, trainant derrière elles des enfants horrifiés. Les hoplites qui s’étaient humblement mêlés aux autres pour les soutenir, aidaient tant bien que mal les habitants en difficulté à rejoindre le plus possible les murs rassurants de la cité. Des enfants perdus pleuraient à chaudes larmes, plantés en plein milieu d’une foule apeurée. Parfois on les prenait aux bras avant de s’enfuir, parfois ils chutaient au sol, bousculés par des badauds poltrons et lâches. Le port avait été déserté aussi vite qu’il avait été investi un moment plus tôt. Seuls demeuraient là les vestiges de l’agression nocturne et quelques malheureux qui périraient certainement de leur vie, faute d’avoir su se mettre à l’abri trop vite. Au loin, l’eau s’était transformée en un mur liquide qui semblait pourtant inébranlable. Il était impossible d’en estimer la hauteur à vue d’œil mais nul doute qu’il dépassait les plusieurs mètres. Fort heureusement la cité en elle-même était reculée par rapport au Port. Poséidon épargnerait-il les murs renforcés de la cité ? Tout juste laisserait-il les vagues en lécher l’entrée pour signer l’avertissement. Soudain la vague monumentale et presque fantastique s’abattit sur le port, détruisant ce qui demeurait encore debout. La mer emprisonnait dans son étau étouffant les constructions qui avaient fait la renommée du commerce maritime athénien. Les poissons putréfiés retrouvaient leur lieu de naissance pour servir de repas aux plus gros poissons encore épargnés par les filets des pêcheurs. Toute trace de vie et de civilisation avait disparu de la surface des quais du port. Les faibles cris qui résonnaient encore en ces lieux abandonnés avaient immédiatement cessé sitôt que la vague s’était écrasée sur les pavés. Si les Athéniens sain et sauf n’étaient pas là pour profiter du spectacle de terreur qui s’offrait là, le grondement divin s’échappa d’entre les nuages encore noircis de colère qui occupaient toujours le ciel. Pareil à l’orage, Poséidon criait sa fureur et signa son avertissement solennel alors qu’aussi vite qu’elle fut survenue, la vague se retira avec lenteur.

Peut-on réellement prévoir le destin choisi par les dieux ? Cette manifestation divine pourrait-elle trouver sa place parmi les hérétiques qui demeuraient ? Pourrait-il vraiment trouver explication à cette horreur survenue sitôt qu’on avait profané le lieu dédié à l’un des grands frères de l’Olympe ? Sa brutalité, sa rapidité avaient été tel que plus aucune trace ne demeurait sur la place du port. Athènes n’était pas décimée. Athènes avaient survécu malgré quelques morts tragiques recensées. Etait-ce la fin d’un calvaire sitôt que Poséidon avait puni ou bien dénotait-il le début d’une accusation envers les Athéniens ? Rien n’est jamais moins sûr quand on lève les yeux au ciel et si celui-ci avait retrouvé sa couleur bleue apaisante dans les heures qui suivirent, nul doute que l’Olympe elle bourdonnerait toujours d’une méfiance éternelle.
Fin de l'Intrigue


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