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DAPHNÉ & OLYMPE

In your mind, through your eyes, do you see
It's the fantasy
Maybe tonight we can forget about it all
It could be just like heaven

Une étincelle espiègle apparut dans le regard de Olympe lorsqu'elle s'aperçut que Daphné la regardait avec insistance à travers de la foule. Le marché était bientôt terminé mais elle pouvait déjà voir que son amie trépignait d'impatience. Elle avait beau être absorbée par son travail Olympe était heureuse de la présence de son amie car cela ne pouvait signifier qu'une chose : Daphné allait les entrainer dans une nouvelle aventure. Et tous les Dieux savaient que la jeune marchande en avait grandement besoin en ce moment. Elle aimait toujours autant son métier et sa situation ne lui posait toujours aucun problèmes mais c'était l'ambiance présente dans la citée d'Athènes qui la gênait, depuis les évènements malheureux des Panathénées les choses n'étaient plus les mêmes. Quelque chose s'était passée, quelque chose qui avait fait perdre la mémoire à la plupart des gens présents ce jour là, qui les avait fait agir d'une manière dont ils n'avaient jamais osé avant. Il s'était passé quelque chose qui avait faillit mettre le feu aux poudres et qui avait laissé les Athéniens méfiants et distants les un envers les autres. L'ambiance était devenue lourde et désagréable dans la cité, personne ne pouvait faire un geste sans que celui-ci ne soit observé et jugé sous tous les angles. L'espoir et la confiance qui régnaient encore il y avait à peine quelques semaines semblaient s'être évaporés pour le plus grand malheur d'Olympe qui avait beaucoup de mal à supporter ce climat insupportable. Voilà pourquoi elle était si heureuse de croiser le regard pétillant de son amie, elle savait que la grande spécialité de Daphné était sa curiosité sans faille et sa vivacité impressionnante, elle trouvait toujours le moyen de l'entrainer dans des aventures inattendues et de lui faire découvrir des endroits magnifiques. Elle considérait la visite surprise de son amie comme une pause bienvenue dans sa vie monotone, elle était la brise d'été qui venait la rafraichir au beau milieu de la journée, et cela lui faisait toujours le plus grand bien. Jamais elle ne pourrais assez remercier la jeune femme de l'arracher ainsi à sa vie calme pour l'entrainer dans son sillage revigorant.

Un fois ses clients tous servis et remerciés avec chaleur Olympe entreprit de ranger son étal, elle maniait ses produits avec soin car elle savait que chaque fruit représentait une quantité de drachmes non négligeable pour elle et sa famille et elle ne pouvait prendre le risque d'en abimer. De là où elle se trouvait elle pouvait sentir l'impatience de Daphné grimper en flèche et elle ne fut pas étonnée de voir son amie se diriger à toute vitesse vers elle une fois que sa tâche était terminée. Elle pouvait voir dans ses prunelles ambrés danser la flammes d'une de ses découvertes qu'elle chérissait tant et qu'elle aimait tant lui faire partager. Olympe et Daphné ne pouvaient affirmer qu'elles se connaissaient parfaitement, elles avaient fait connaissance devant l'étal d'Olympe car Daphné tout comme son frère était une de ses plus fidèle cliente. Peu à peu elles s'étaient liées construisant chaque jour un peu plus leur relation, peut être était-ce ce qui la rendait si spéciale à ses yeux.

Daphné - Ma chère Olympe, sache que je te réserve aujourd'hui une découverte pleine de sens et surtout mémorable.

Un sourire entendu se forma sur les lèvres d'Olympe à l'entente des paroles de la jeune femme, elle était heureuse de savoir que leur petite escapade allait illuminer son après midi. Elle ne pu même pas ouvrir la bouche que Daphné lui attrapait la main n'en pouvant plus d'attendre, rapidement Olympe chercha des yeux son frère dans la foule et lui fit signe qu'il pouvait emporter les invendus du marché chez eux. Elle le remercia d'un sourire éclatant et entreprit de suivre les pas pressés de son amie qui la tirait derrière elle avec empressement. Tout en la faisant avancer à une allure effrénée Daphné continuait son monologue de sa voix joyeuse et enthousiaste.

Daphné - Je suis certaine que tu vas aimer ce que j'ai trouvé. Je ne sais plus comment j'en suis arrivée là précisément, mais c'est une vieille dame de la ville qui m'a contée cette histoire : une pure merveille, crois-moi. Je sais que tu vas aimer autant que moi ce que tu vas découvrir...

Les paroles de la jeune préceptrice provoquèrent l'apparition de la curiosité en Olympe, elle savait qu'elle pouvait croire sur parole son amie lorsqu'elle décrivait les endroits qu'elle voulait lui montrer. Et si là elle l'écoutait l'endroit où elle la menait devait être particulièrement spectaculaire. Tout en tentant de la suivre elle ne pu s'empêcher d'essayer d'en savoir plus.

Olympe - Et où m'emmènes-tu donc à une si vive allure?

Les ruelles d'Athènes se succédaient les unes après les autres laissant tout le loisir à la jeune femme de se rendre compte qu'elles s'éloignaient progressivement du centre de la cité, bientôt elles allaient arrivées sur les petits chemins de terre qui menaient en dehors de la ville. Soudainement un doute assaillit la jeune femme, si elle n'avait aucun mal à sortir de la cité ce n'était pas vraiment le cas de son amie qui avait un frère très protecteur envers elle. Et si Orion n'était pas au courant de cette escapade elle pouvait être sûre que elle aussi allait se faire rabrouer par le maître d'arme. le problème c'était que Olympe n'était pas vraiment sûre que le jeune homme soit au courant de tout ceci. Sans attendre elle tira sur la main de Daphné pour la forcer à ralentir la cadence.

Olympe - Daphné? Daphné, par tous les Dieux dis moi que Orion sait où nous allons... Je ne veux pas être la cible de sa colère...

Olympe vit bien que ses questions sur Orion refroidirent l'enthousiasme de Daphné, mais elle se devait de poser de telles questions, même si elle savait que son amie n'apprécierait pas. Elle était parfaitement consciente que Orion se montrait trop protecteur envers sa jeune sœur mais elle savait aussi que son inquiétude exagérée était dû à l'amour qu'il portait à sa cadette. Puis, elle devait prendre en compte qu'il était fort probable que le maitre d'arme de la cité lui en veuille pour avoir été la complice de sa sœur dans cette petite expédition et elle ne souhaitait pas que son ami lui en veuille même si sa rancune envers elle ne durait jamais bien longtemps. Mais d'un autre côté elle comprenait parfaitement les réactions et sentiments de son amie, elle même ne saurait comment elle réagirait si son frère se montrait aussi protecteur envers elle. Surement n'en serait-elle pas très heureuse, sa liberté était une chose qu'elle chérissait de tout son être et elle refusait qu'on ose tenter de la lui retirer.

Daphné - Mon frère n'a pas besoin de savoir chacun de mes mouvements. Si j'avais attendu d'avoir son autorisation pour respirer à chaque fois que cela était nécessaire, je ne serais plus là pour discuter avec toi. Ne crois-tu pas qu'il y a bien trop de choses à voir et à vivre pour prendre le temps de s'éparpiller en convenances qui servent uniquement l'orgueil d'Orion ?

A l'expression qu'abordait son amie Olympe vit bien qu'elle se sentait vexée de ses remarques et quelque part elle la comprenait, elle aussi trouvait que les réactions d'Orion étaient disproportionnées et que Daphné était parfaitement capable de se débrouiller seule. Mais les deux jeunes athéniens étaient ses amis et elle tenait beaucoup à eux alors elle avait du mal à se faire un réel avis sur la question. Quand il s'agissait de Daphné et Orion elle avait du mal à se montrer objective. La jeune femme se mordit la lèvre en silence, peut être aurait-elle mieux fait de se taire, elle trouverait bien un moyen d'apaiser la colère d'Orion si il leur tombait dessus.

Daphné - Et puis ne te tourmentes pas avec les représailles de mon frère : il travaille tout le jour ce qui nous laisse autant de temps que nous le souhaitons pour parcourir ces collines et surtout, pour que j'offre à tes yeux, à nos yeux ce que j'ai découvert hier soir...

Olympe voyait bien que Daphné tentait de la rassurer pour pouvoir continuer leur escapade mais peut être avait-elle raison. Si elle disait vrai et si les Dieux leurs étaient favorables elles auraient tout le temps de sortir de la cité et d'y retourner sans que le jeune homme ne s’aperçoive de rien.

Daphné - Peut-on continuer notre avancée ?

Un mince sourire, presque contrit, apparu sur le visage de la jeune athénienne, elle ne s'était pas attendue à ce que Daphné se lance dans une telle tirade mais elle ne pouvait s'empêcher de la comprendre. Si elle avait déjà le regard de son frère qui la suivait sans cesse elle n'avait pas besoin de celui d'une amie en plus. Son sourire s'agrandit lorsqu'elle avança d'un pas, même après de telles paroles elle pouvait sentir l'impatience de Daphné, mieux valait ne pas la faire attendre.

Olympe - Bien sûr que nous pouvons continuer. Montre moi le chemin et même les yeux fermés je te suivrai.

Lentement Olympe laissa son regard vagabonder autours d'elles, elles avaient désormais atteint l'extérieur de la cité Athénienne comme l'attestait le chemin de terre qui serpentait maintenant sous leurs pieds mais elle ignorait toujours où son amie comptait la mener. Daphné n'avait pas l'air de vouloir la mettre dans la confidence avant leur arrivée ce qui avait le don d'attiser un peu plus la curiosité de la jeune femme.

Daphné - Nous devrions nous dépêcher avant que le ciel ne verse ses larmes accompagnées de l'entreprise du puissant Zeus.

En suivant le regard ambré de son amie Olympe vit qu'elle avait parfaitement raison, au loin des nuages sombres faisaient leur apparition et semblaient s'approcher de la ville, elles avaient encore quelques heures devant elles -moins si les Dieux en décidait autrement.

Daphné - Tu verras, Olympe, ce que nous allons trouver mérite amplement de prendre des risques si risques il y a...

Cette fois ci le sourire d'Olympe se fit plus mutin et espiègle, elle comprenait maintenant ce que Daphné ressentait et ce que cette escapade en dehors d'Athènes représentait pour elle. Tout ceci avait le gout de la liberté, de la découverte, mais aussi un peu du risque. Le risque de se faire prendre par un frère trop protecteur, le risque de se voir obliger de retourner dans la cité sous les coups de tonnerre du grand Zeus. D'aussi loin qu'elle pouvait se souvenir Daphné avait toujours été une aventurière dans l'âme, une exploratrice, elle avait toujours voulu en savoir plus et découvrir toujours davantage de choses et d'endroits merveilleux, elle avait toujours fait preuve d'une soif de savoir et d'une vivacité qui ne cessait d'impressionner Olympe. Alors se voir stoppée dans son entreprise par l'amie avec qui l'on désire tout partager devait la rendre d'autant plus empressée.
En un second pas Olympe rejoint la jeune sœur du maitre d'arme et les yeux brillants de cette spontanéité qui la caractérisait si bien elle prit sa main dans la sienne pour lui montrer qu'elle la suivrait dans toutes les circonstances. Elle commença à avancer sur le chemin de terre tout en entrainant son amie à ses côtés. Derrière elles la cité Grecque se faisait de plus en plus lointaine, mais maintenant peu lui importait, cela ne servait plus à rien de faire marche arrière alors autant aller de l'avant d'un bon pas.

Olympe - Je ne doute pas que ce que tu désires me montrer est grandiose! J'ai hâte de le découvrir... Mais j'ignore toujours où tu n’emmènes ne me céderais-tu pas un indice sur notre destination secrète?

Il n'y avait pas de doutes à avoir l'impatience de Daphné était belle et bien contagieuse.

Sens cette puissance

Daphné continuait à avancer, le contact chaud de la main de son amie dans la sienne ne faisait qu'intensifier son excitation : elle n'en pouvait plus d'attendre. Elle essayer d'imaginer quel masque allait mettre son amie face à la surprise qu'elle lui réservait : surprise, stupeur, émerveillement, gravité, ... Tout était possible. Lorsqu'elle avait découvert l'objet de sa convoitise sur un vieux parchemin, ses yeux s'étaient illuminés, ses mains s'étaient mises à trembler et elle avait ressenti une vive émotion, comme si elles s'étaient plongées au coeur de l'histoire du monde, des dieux et des déesses. C'était tellement grand, tellement puissant... Rien que d'y penser, elle se sentait parcourue de frissons. Elle s'imaginait déjà toucher du doigt tout ce en quoi elle croyait, tout ce qui régissait son monde, leur monde. Elle avait besoin d'aventures et de découvertes comme ça pour continuer à y croire...

Elle resserra l'emprise sur la main d'Olympe quand celle-ci lui demanda un indice : elles étaient faites pour être amies, c'était le destin. Les dieux ne les avaient pas réunies pour rien, elles étaient trop semblables. Daphné était transportée par l'impatience de son amie qui se mêlait à la sienne. Une certaine tension commençait à régner, une tension agréable et torturante : elle avait envie de tout déballer maintenant. Seulement, elle voulait garder son effet de surprise, elle ne voulait pas tout gâcher maintenant... Elle avait réussi à s'abstenir une fois : elle avait stoppé cette pulsion qui lui avait crié toute la journée de courir vers cette découverte. Elle avait réussi à attendre Olympe pour partager cet instant avec elle alors ça n'était pas le moment de flancher. Il fallait que les dieux lui viennent en aide, qu'ils fassent taire son côté impatient au profit de son côté calme... Cette tâche n'avait rien d'aisé bien évidemment... « Je peux simplement te dire que nous y sommes presque ma chère Olympe. Bientôt, nous toucherons du doigt ceux que beaucoup d'entre nous ne soupçonnent même pas... » Elle parlait par énigme sachant pertinemment que si elle en disait trop, Olympe saurait comment la faire flancher. Le lien qui les unissait était aussi fait de ça : la connaissance de l'autre, de ses forces et de ses faiblesses...

Elles grimpèrent une colline recouverte d'une végétation basse mais dense, une végétation typique de la région qui se déclinait en une multitude de couleurs toutes plus belles les unes que les autres... « JC'est juste là Olympe, encore quelques pas, j'en suis certaine. Le parchemin était précis, il ne peut y avoir de doutes, viens, on va par là. » Elles prirent un chemin escarpé menant vers le sommet d'une colline surplombant la belle Athènes. « Si tu savais à quel point je suis impatiente de... » Elle s'arrêta brusquement. Elles y étaient. Daphné sentit tout son corps vibrer. Elle serra plus fort encore la main d'Olympe, se rapprochant d'elle. C'était magique, c'était divin. Elles y étaient. Olympe ne comprenait pas encore mais Daphné, elle, mesurait toute l'ampleur de cette découverte. Un superbe olivier se dressait, majestueux, vieux de plusieurs siècles... Son écorce portait les marques du temps et pourtant, il restait magnifique, ses couleurs étaient intenses, sa tenue était bel et bien divine... « Olympe c'est... » Ses mots se perdirent au fond de sa gorge. Elle avait l'impression d'être dans un temple, d'être au coeur d'un lieu si mystique qu'il ne fallait pas le brusquer, le bousculer. C'était à peine si elle osait bouger ou même parler. C'était... Trop. Ça la dépassait complètement, bien plus que tout ce qu'elle aurait pu croire. Elle avança doucement vers l'olivier, entrainant Olympe à sa suite. Elle posa la main de son amie sur le tronc de l'olivier, posant la sienne juste à côté. « Voilà ma surprise Olympe. Regarde cet arbre. Il est plus vieux que n'importe quelle construction encore debout de cette ville, il est le témoin de l'histoire. Il a survécu à tout ce à quoi les hommes ont succombé. Il est là et il regarde la ville comme s'il savait... Comme s'il savait ce qu'elle va devenir, comme si le temps lui avait donné cette capacité de prévoir les choses... » Elle se laissait emporter mais en même temps, c'était tellement important...

Elle regarda son amie, les yeux brillants. Celle-cii ne comprenait toujours pas... « Que sais-tu de la fondation d'Athènes la majestueuse, Olympe ? Essaie de te souvenir cette histoire dont les dieux sont les acteurs principaux, cette histoire dont chacun d'entre nous connait les mots... » Daphné tourna à nouveau son regard vers l'arbre. Le contact de l'écorce lui donnait l'impression d'une brûlure, une marque, un zeste d'humilité face à toute ces choses qui la dépassaient...